Un autre Indian Creek
Allez, les rampeurs de fissure vont se jeter sur cette article en pensant qu’il s’agit de grimpe sur le grès du désert. Creek signifie ruisseau, autant dire que ce nom de lieu, Indian Creek, doit être plutôt répandu aux Etats Unis. Ainsi on ne voyage pas dans l’Utah, mais dans le Montana. Ne faites pas demi-tour si vite, c’est un voyage qui en vaut la peine.
J’ai découvert la maison d’édition Gallmeister, une belle porte d’entrée vers la littérature américaine, par le sémillant « Gang de la clé à Molette« . Puis, un ami enthousiaste m’a prêté « Indian Creek » de Pete Fromm, et j’ai du me résonner pour ne pas le dévorer en une journée de weekend pluvieux.
L’auteur, alors étudiant, accepte par hasard un job plutôt particulier. Sa mission étant de surveiller, durant 6 mois en pleine nature, un bassin dans lequel ont été placés des oeufs de saumon. Il vivra, survivra parfois, quasiment complètement isolé de tout contact extérieur pendant les longs mois d’hiver. Habitant dans une tente, à la dure, cette mission devient rapidement une tâche anecdotique pour un jeune homme qui va découvrir la nature dure, sauvage et tellement magnifique.
L’écriture est simple, pas précieuse pour un sous, néanmoins terriblement efficace, rythmée, précise et puissamment évocatrice dans les descriptions du sujet principal de ce livre: la nature brute et son cycle des saisons.
Kirsten et moi avons vécu le confinement, et le mois qui l’a suivi, dans notre chalet, sans eau chaude ni électricité. Si les conditions de vie et l’isolement n’étaient pas comparables à ce qu’a vécu Pete Fromm, ce livre me parle. Comme il parlera à tous ceux qui savent que le confort n’est rien par rapport à ce que la nature peut nous apporter si nous savons l’écouter, l’observer, l’accepter à nouveau.
Voilà, je voulais écrire sur ce premier confinement d’une manière positive, et je ne savais pas comment m’y prendre. Ce livre me l’a permis. Je ne peux que faire un parallèle entre le retour à la vie moderne de Pete et notre déconfinement. L’essentiel est juste là. Tout le reste que l’on veut nous faire croire comme indispensable n’est RIEN. Qu’ils se le gardent! Nous avions déjà beaucoup plus, depuis le début, et devons en prendre soin.
Je suis certain que je relirai un jour ce livre, en version originale anglaise probablement.