A la uneConseils entrainement escaladeEscaladeMes sorties

S’entraîner en grande voie, pour la falaise et le bloc

fred vionnet moniteur entraineur escalade
La première grande voie de l’année, trop cool!

Samedi 27 juin, nous avons grimpé la grande voie “Les Beaux Quartiers” à la Petite Aiguillette du Lauzet (voir ce compte rendu).
Je vous propose à la fin de cet article quelques photos de cette très belle sortie.

Il s’agissait de ma première grande voie de l’année. Et on est déjà fin juillet pourtant, bref… Je voudrais partager avec vous tous les bienfaits pour l’entrainement en escalade que je vois et ai expérimenté dans la grimpe en grande voie (ou longue voie pour les amis suisses). Ou comment allier plaisir, grand air, nature, et progression. Un entrainement différent et tellement plus aéré que ceux que nous suivons généralement.
Je m’adresse aux falaisistes comme aux bloqueurs!


Entrainement technique

L’escalade en grande voie, c’est généralement grimper sur un profil peu raide. Les grandes voies déversantes, dans le 7sup ou le 8, sont très soutenues et donc réservées à peu de grimpeurs. Pour des niveaux inférieurs, on va évoluer sur des longueurs souvent en dalle ou verticales. Avec des bombés ou des surplombs certes, mais sans qu’ils ne soient très longs. Dalles donc, mais aussi dièdres, fissures, conques, etc. Tout ce qui se grimpe avec les pieds en priorité. Sans oublier les bons pas de blocs qu’il faut savoir déchiffrer rapidement.
Ce type d’escalade demande de développer pleins de savoir-faire techniques que l’on aura peut être tendance à éviter dans sa pratique habituelle. En grimpant en grande voie, on progresse techniquement. Il faut passer proprement, rapidement, charger les pieds en économisant ses avants bras, la peau des doigts et les orteils.

Entrainement mental

La grande voie est un excellent vecteur pour entrainer son mental. Sur 3 axes selon moi (en voyez-vous d’autres ? ).

La Lecture et la gestion de l’effort

Comme évoqué dans le paragraphe précédent, il va falloir grimper de nombreux passages différents, à vue, en étant rapide et efficace. Bien lire, profiter des meilleurs points de repos, être attentif aux prises excentrées, à l’itinéraire, etc. Quand tu fais par exemple 200 mètres de « à vue », tu as vraiment l’occasion d’apprendre et de t’améliorer. Beaucoup plus que si tu grimpes 2 voies à vue sur une séance.

La gestion du stress et de la confiance

Une grande voie, surtout quand on n’en fait pas régulièrement, c’est une aventure. L’inconnu est palpable. Ce qui amène à gérer son stress et sa confiance en grimpant. Mais aussi, la veille, durant l’approche, et pour toutes les longueurs. A chaque relais, on se prépare pour la longueur suivante. Dans la durée et la répétition. Ce qui est très transférable à l’escalade sportive.
Et puis, il y a le vide qui se creuse et perturbe la concentration. Avec des points qui peuvent être plus éloignés qu’en couenne. L’occasion rêvée pour travailler sur cette concentration dans des situations inhabituelles et plus complexes. Même si les cotations peuvent/doivent être plus basses que ce qu’on grimpe en falaise ou à la salle.

Entretenir sa motivation

Amener de la variété dans sa manière de pratiquer la grimpe et un excellent moyen de rompre la monotonie, et donc d’entretenir la motivation. On fait quelque chose de différent avec des objectifs eux aussi différents. Pour revenir à l’entraînement avec encore plus d’envie.

Entrainement physique

Venons-en à l’entraînement physique. Celui que l’on met peut être trop en avant mais qui reste central néanmoins.
Une grande voie, c’est souvent beaucoup de longueurs, avec un sac à dos qui ajoute quelques kilos, de la marche, et des manips de corde. On bouge, on sollicite son cardio, ses jambes et sa “conti”. Tout en serrant aussi des petites prises. On doit également gérer son alimentation et son hydratation. C’est une alternative très intéressante à l’ARCING (tourner comme un hamster en respirant par le nez, voir ce lien par exemple) qui ne s’intéresse qu’aux avant-bras (la classique séance de « continuité »).
J’appelle cela l’entrainement en durabilité. Un terme que j’ai emprunté à l’entrainement en running. Ceux que j’entraine connaissent ce type de séance. On mixe plusieurs efforts dans le même entrainement.
L’objectif est de développer sa capacité à durer sur une journée ou une demi-journée. C’est très utile en compétition sur plusieurs tours. Ou encore quand on veut profiter un maximum d’une belle journée de grimpe dehors. Que ce soit en bloc ou en falaise.
On travaille donc sa “conti” (ses capacités de récupération au niveau des bombones), mais pas que. Et le programme est plus varié. C’est aussi très sympa à la reprise de l’entraînement. Une sortie en grande voie peut donc être selon moi considérée sans problème comme une belle séance de durabilité. Mais, sans y penser!


Grimper en grande voie, c’est enchaîner beaucoup de longueurs (13 longueurs par exemple pour “Les Beaux Quartiers”). Même si le niveau est largement en dessous de votre niveau max, cela permet de progresser techniquement, mentalement et physiquement. De par la répétition et la longueur de l’aventure, mais aussi pas ses particularités (le style de grimpe, la durée, le vide, l’engagement, le sac sur le dos, etc).
La notion de quantité n’est pas la seule à être importante. Il est intéressant de s’appliquer à “bien grimper” : généralement on ne fait qu’une fois chaque longueur, alors autant s’appliquer et la grimper du mieux possible. Cette recherche d’exigence, d’efficacité, me semble très intéressante et enrichissante.

Cela peut se faire, et même doit se faire si vous faites peu de grandes voies, dans des niveaux très inférieurs à votre niveau max.
Si on prend mon cas, je grimpe dans le 7c en falaise actuellement (en un ou quelques essais). Une grande voie de difficulté moyenne, par exemple entre le 5c et Le 6c, m’apportera beaucoup et me mettra réellement bien en forme pour l’escalade sportive. J’ai une certaine marge, mais je grimpe beaucoup et je dois m’adapter à ce contexte (trop) inhabituel pour moi. Mes points faibles sont le relâchement, la conti et la confiance. En grimpant en grande voie, je travaille sur ces points faibles de manière répétée sur la même séance. Après avoir récupéré, je marche sur les voies en falaise !

J’espère vous avoir convaincu. Quand il fait trop chaud pour tirer sur des petites prises, allez faire une grande voie, même facile pour vous. Vous travaillerez plein de bonnes choses qui seront transférables à votre grimpe habituelle.
Vous prendrez soin de votre motivation. Vous serez plus polyvalent. C’est à dire que vous vous connaitrez mieux, et serez plus apte à vous adapter à des situations variées. Même et surtout dans votre style de pratique habituel (bloc ou voie).

En continuité avec mon récent coup de gueule sur le manque d’autonomie des grimpers en falaise (voir cet article), il est bon de rappeler que grimper en grande voie cela s’apprend ! Il faut monter ok, mais aussi souvent descendre en rappel. Alors on prend le temps de se former.


Pour d’autres articles concernant l’entraînement, je vous invite à visiter ma page « conseils entrainement escalade « .
Et pour finir, voici les quelques photos promises.

5 thoughts on “S’entraîner en grande voie, pour la falaise et le bloc

  • 100% d’accord avec ton article si on s’adresse à un grimpeur de falaise / salle qui ne fait que peu de GV. Et pour qui une GV de temps en temps a tous les bienfaits que tu as cité. Par contre pour un grimpeur qui fait majoritairement de la grande voie tu ne fais plus que de la conti à l’infini, un peu de mental si c’est du TA, mais on ne peut plus vraiment parler d’entrainement (enfin je trouve). Pour moi, je fais 7b/c en couenne et je vais tout le temps dans des grandes voies soutenues entre 6c et 7b même en TA. Mais du coup on n’est plus du tout dans l’entrainement physique, d’ailleurs à partir de 7c / 7c+ en couenne je ne fais pas les mouvs 😉

    Répondre
      • J’en fait, mais de façon désorganisée (quand il pleut, donc). Pas suffisement pour réellement progresser dans cette filière je pense. Mais pour reprendre ton article à l’envers (de la salle vers la GV), c’est sûr que l’automne que j’avais passé en salle pour préparer les TEP du DE m’avaient bien fait progresser en grande voie aussi !

        Répondre
        • Je dirais que l’idée de mon article à l’envers serait plutôt de la falaise ou du bloc, vers la grande voie! Le Caillou n’est qu’un outil, rien de plus. Mais bon on se comprend, mais c’est une nuance importante ahaaah.

          Répondre

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.